J'ai aperçu un jour le schéma commun suivant ayant trait à ces familles et qui s'applique intégralement à ma famille:
Il y a peu ou pas de
communication
Les sentiments sont
refoulés
Les attentes restent
secrètes
Les relations sont
embrouillées
Il y a de la manipulation
et du contrôle
L’échelle des valeurs
varie
Les attitudes sont
rigides
On s’accroche aux
vieilles traditions
L’atmosphère est tendue
Les maladies chroniques
sont fréquentes
Il y a de la jalousie et
des soupçons
On établit des relations
de dépendance
Le plus triste, c’est que le dysfonctionnement familial se transmet aux autres générations. Ma soeur aînée a trois enfants, dont un un garçon qu’elle a banni de sa famille à 17 ans et qui vit isolé et misérablement. À ses deux filles elle a transmis sa méchanceté, sa pauvreté de jugement, ses valeurs questionnables. Mes deux nièces ont envers moi la même attitude dénigrante de leur mère. Elles influencent ma propre fille en lui tenant des discours méprisants à mon endroit. Comme elle est influençable et incapable de penser par elle-même, je ne fais plus partie de sa vie pour un refus qu'elle n'a pas accepté. Alors que je gardais ses deux enfants en bas âge, de 8 heures de garde j'aurais dû accepter d'en faire 11 heures trente. Depuis,j e ne peux voir mes petits-enfants que j’aime par dessus tout, et cela m'a fait affreusement souffrir.
Ces gens se pensent au-dessus de tout. Eux seuls ont la vérité absolue : si on n’est pas d’accord avec leur façon de penser, c’est qu’on est déviant. Ce qui est plus triste encore, c’est que ces pauvres filles (mes nièces) vont à leur tour transmettre les mêmes valeurs et comportements à leurs propres enfants.
Je suis devenue assez forte au fil des ans pour être capable de faire face à tous ces comportements orduriers. À 42 ans, j’ai rompu d'avec ma famille toxique. Aussi, il m’a fallu de nombreuses consultations en relation d’aide pour arriver à ne pas me sentir coupable et à relever la tête. De même, j’ai constaté la force qui était latente en moi. Je ne pouvais compter que sur moi dorénavant.
En 1967, alors que j’avais
18 ans, ma mère, une tante, ma soeur aînée et moi avions visité l’Expo universel de Montréal. Ma sœur m’avouera au retour du voyage, alors que nous attendions le train pour se rendre à l’Ile Ste-Hélène, a
eu l’idée de me pousser sur les rails du metro. Elle avait 22 ans à ce moment-là. Je ne pouvais pas comprendre pourquoi elle
avait eu cette pensée, mais avec le recul je crois qu’elle ressentait de la
jalousie à mon endroit. D'autres situations se produiront au fil des ans qui me confirmeront cette jalousie. Pourtant, elle
n’avait rien à m'envier étant donné son rôle privilégié dans la famille.
« Les enfants qui sont sains ne sont pas le résultat d'une enfance "parfaite" mais sont les suites normales d'un système familial qui a des règles raisonnables et stables, qui sont les fondations de la confiance et de réactions adéquates au bris ou non respect de ces règles. Les cicatrices sur le plan émotionnel et ne sont pas disproportionnées au manquement ou au délit.
Dans une famille saine, les parents sont des figures d’autorité remplies d’amour, capables de faire comprendre ce qu’ils désirent et ce qui leur répugnent, expriment leurs besoins et leurs émotions, laissent de la place pour discuter et pour être ouvertement en désaccord et ne pas être parfait — tout ça sans menacer la confiance et l’amour qui sont sous-jacents et sont punitions dans une famille saine n'incluent pas les châtiments corporels, ne laissent pas des toujours accessibles et constants pour tous les membres de la famille.
Celui qui va mal est le membre symptôme », celui qui manifeste, à travers un symptôme plus ou moins invalidant - dépression, toxicomanie, tendances suicidaires… -, les dysfonctionnements intrafamiliaux. C’est souvent un enfant et il est, en quelque sorte, «désigné » par sa famille pour être le patient à traiter. »
18 ans